L’église Saint-Martin : Un trésor d’histoire et de foi
Le clocher emblématique de Cormeilles-en-Parisis
Aux origines de Cormeilles : un village façonné par l’histoire
Bien avant les invasions barbares, Cormeilles n’était qu’un hameau, abritant des Gallo-Romains vivant au rythme de la terre et de la vigne. Puis vinrent les Francs, et avec eux, un nouveau destin : celui d’une terre d’asile pour les Parisii chassés des plaines fertiles du nord de Lutèce. Peu à peu, la forêt céda la place aux champs, les hommes se regroupèrent en village, et en 697, cette terre fut offerte à l’abbaye d’Argenteuil. En 862, elle passa sous l’autorité de l’abbaye royale de Saint-Denis, qui prospéra sous la direction de l’abbé Suger, conseiller du roi. C’est dans cet élan que Cormeilles entreprit la construction d’une nouvelle église, dédiée à l’un des saints les plus aimés de France : Saint Martin, l’apôtre des Gaules.




Un chef-d’oeuvre né de la pierre et de la foi
Les archives paroissiales ayant brûlé en 1870, c’est à travers l’étude de l’architecture que l’histoire de l’église Saint-Martin se dévoile. La première église fut bâtie sur une crypte, probablement un ancien lieu de culte. Fait remarquable, elle adopta dès l’origine un procédé révolutionnaire pour l’époque : la voûte sur croisées d’ogives, une technique naissante qui allait bientôt transformer l’art gothique. Certains historiens suggèrent même que l’un des maîtres d’oeuvre de la basilique de Saint-Denis aurait pu expérimenter ici, dans cette église de campagne, ce qui deviendra l’une des signatures du gothique français.
« Il ne faut pas se figurer que l’invention […] soit venue au monde d’un seul coup, un beau jour, dans un monument magnifique. Elle est née au contraire d’un enfantement obscur… Les plus anciennes voûtes d’ogives s’essayèrent timidement dans les églises de villages… C’est là que se formulèrent, à une date indéterminée, dans l’aube d’une matinée brumeuse du XIIe siècle, les premiers essais balbutiants de l’invention merveilleuse qui allait être l’art français. »
— Louis Gillet
Un édifice en perpétuelle évolution
Au XIIIe siècle, l’église fut agrandie : une nouvelle nef s’éleva vers l’ouest. L’élégance du choeur témoigne d’un savoir-faire raffiné, reflet du soin apporté par l’abbaye de Saint-Denis,
tandis que la nef, financée par les paroissiens, révèle une architecture plus modeste, probablement achevée aux XIVe et XVe siècles.
Construite sur un terrain en pente, l’église Saint-Martin a toujours lutté contre l’instabilité. Pour la stabiliser, une crypte fut édifiée en sous-sol, une pratique tombée en désuétude à l’époque gothique. Malgré cela, au XVIe siècle, l’édifice montra des signes de faiblesse : le bas-côté sud dut être élargi, et des consolidations furent menées dans la crypte.
Les XVIIe et XVIIIe siècles enrichirent l’église de nombreux ornements : un maître-autel baroque, un retable sculpté, et des embellissements qui ajoutèrent à la solennité du lieu. Mais au XIXe siècle, de nouveaux désordres structurels imposèrent une restauration majeure. La façade d’entrée fut entièrement reprise sous la direction de l’architecte Hippolyte Blondel, tandis que Madame Vignon, épouse de l’architecte de l’église de la Madeleine à Paris, offrit de somptueux vitraux et un lambris du XVIe siècle, aujourd’hui visible dans la chapelle Saint-Joseph.
Un patrimoine vivant, entre passé et avenir
Le XXe siècle ne fut pas épargné par les défis : l’instabilité du terrain causa de nouveaux dégâts, nécessitant des restaurations profondes de la crypte et du clocher. Mais l’église Saint-Martin n’a jamais cessé de se renouveler.
Au XXIe siècle, elle continue de s’enrichir : un magnifique vitrail contemporain, oeuvre du maître-verrier Michel Guével, orne désormais la grande fenêtre flamboyante du choeur. Il célèbre le mystère pascal, baignant l’église d’une lumière vibrante au lever du soleil, symbole éclatant de la Résurrection.
Aujourd’hui encore, Saint-Martin veille sur la ville depuis son clocher, témoin séculaire des prières, des joies et des épreuves de ceux qui ont franchi ses portes. En venant à sa rencontre, vous entrez dans l’histoire d’un lieu où chaque pierre murmure un fragment du passé et où la foi continue de faire vibrer les coeurs.